Rapport au QG de L'Ordre...

Minerva McGonagall se détacha du groupe à son tour et serra la main de Zephyrus.

"Alors vous voilà. Je me demandais si l'on finirait par vous voir à une réunion."

Se tournant vers les autres, elle laissa tomber, toujours aussi sèche :

"Retournons à la cuisine. Nous pourrons discuter dans de meilleures conditions."

Elle ouvrit la voie en retournant la première dans la cuisine et se mit à la place qu'avait occupée Alwina avant son arrivée. Elle attendit que tout le monde fût entré pour s'asseoir, signal pour les autres qu'ils pouvaient faire de même. Elle croisa les doigts et posa ses mains sur la table. Toujours aussi droite, le regard toujours aussi perçant derrière les verres de ses lunettes, Minerva gardait toujours des allures d'enseignante.
Quand tout le monde fut installé autour de la table, Minerva reprit la parole :

"Ethelredhea m'a recommandé ce jeune homme voici quelques semaines déjà. Je l'ai rencontré, j'avoue qu'il m'a convaincue. J'espère qu'il saura vous convaincre aussi qu'il est digne de confiance."

C'était une manière à peine déguisée d'inviter Zephyrus à se présenter devant les personnes rassemblées.

Les regards de l'assemblée s'étaient attardés sur Zephyrus, jetant chez lui quelque honte dont il n'aspirait qu'à se défaire. Ce fut donc avec joie qu'il se leva, et ayant remercié le professeur Mc Gonagall, il déclara d'un air noble :

"Vous me voyez fort aise de me trouver enfin parmi vous. Je me nomme Zephyrus Friedrich Rogue, journaliste et auror."

Au seul nom de l'assassin de Dumbledore, tous le regardèrent avec haine et dégoût. Ayant prévu qu'un tel transport se produirait, Zephyrus garda son calme et reprit :

"Comme vous le soupçonnez, je suis apparenté à Severus Rogue, qui n'est autre que mon demi-frère."
Des murmures s'élevèrent autour de la table.

"J'ai conscience que nombre d'entre vous auront peine à m'accorder leur confiance, mais j'ai en tête une voie certaine afin vous prouver la certitude de ma parole."

D’un air à la fois naturel et majestueux, il pointa sa baguette devant lui et lui fit exécuter de gracieux mouvements circulaires. La fiole de cristal qui se trouvait une seconde plutôt dans une poche de sa cape apparut alors à cinquante centimètres au-dessus du centre de la table, si bien que chacun en put considérer le contenu clair et limpide.

« Je suis prêt, reprit-il, à avaler sur l’heure le contenu de ce flacon, de sorte que vous me puissiez sans crainte poser toutes les questions qu’il vous plaira. Pour ceux qui douteraient de ma foi, je les invite à examiner cette fiole ; ils seront ainsi assurés que je n’y ai pas versé de faux Veritaserum. »

Zephyrus prit le flacon, l'ouvrit et le but à contre-coeur : chaque fois qu'il devait prendre du Veritaserum, il craiganait que quelque personne mal intentionnée lui posât des question indicrètes qui auraient alors pour seul effet de l'humilier. Il prit donc la parole.

"Le père de Severus, après avoir divorcé de sa première épouse, Eleen Prince, se maria avec une moldue française, Alice Montrouge, sans rien lui révéler de son passé de sorcier, et s'installa avec elle en France. C'est en 1973 que je naquis de leur union, sans une once de sang magique dans les veines. Mes dons de sorcier se manifestèrent pourtant bientôt. Mon père m'enferma alors dans ma chambre pour s'entretenir avec ma mère à l'abri de mes oreilles et révéla, à mon insu en conséquence, son passé dans le monde des sorciers. Sans jamais alors m'expliquer pourquoi, mes parents comencèrent à me détester.
"Quelques années passèrent, et je reçus avec joie la lettre qui m'invitait à commencer mes études de sorcellerie à Beauxbâtons. Ce n'est que bien plus tard, lorsque mon demi-frère assassina Dumbledore, que je pus apercevoir son visage dans les journeaux et découvrir le lien de parenté qui nous unissait grâce à sa biographie inscrite en marge de page. Je me rendis chez mes parents et fit avouer à mon père ce qu'il m'avait toujours caché. Depuis cet instant il ne s'est pas passé un jour sans que je n'aie pensé à mon demi-frère. J'ignore quelles sont ses intentions, j'ignore même s'il est vivant, je suis conscient qu'il n'a même pas idée de mon existence, mais par amour fraternel, je demeure à sa recherche.
"Quoiqu'il en soit, je tiens à vour préciser que de par mes origines moldues, je ne partage absolument pas ses convictions pernicieuses et égoïstes. C'est au contraire mon acharnement à combattre les préceptes et lois portant atteinte aux Modus et aux sang-mêlés qui me poussa vers le journalisme et l'écriture satirique à la fin de mes études. Lors du retour de Vous-Savez-Qui, j'ai cherché sans relâche une organisation de résistance afin de m'y joindre, jusqu'à ce qu'Ethelredhea m'ait remarqué par mes pamphlets et m'ait d'abord introduit dans l'imprimerie illégale avant de me faire entrer dans l'Ordre par le concours du professeur Mc Gonnagal.
C'est donc un sorcier bienveillant et convaincu qui se tient ce soir devant vous."

Enzelta avait écouté avec attention. Vyktorija avait affirmé le fait que le liquide verdâtre contenu dans la fiole était bien du Veritaserum. Zephyrus Rogue ? Et bien libre à lui de garder ce nom. Un nom dangereux vu les recherches des mangemorts pour retrouver Severus. Une histoire parfaitement banale. A quoi bon se révulser pour un seul nom de famille ? A rien sûrement.

"Je suis de l'avis de Vyktorija. Si Minerva a accepté votre entrée dans l'Ordre c'est que vous n'êtes pas bien dangereux pour nous tous."

De la résistance il n'y avait plus de présentes qu'Ethel, Benjamin et elle-même. Son intuition lui disait qu'elle devait repartir chez elle de toute urgence. Quelque chose clochait chez elle et ça devenait trop perturbant pour qu'elle laisse cette affaire de côté. Elle regarda Ethel, puis toutes les autres personnes présentes au QG avant de dire :

"Si Lupin à raison et que les collabos rôdent à Loutry je dois rentrer maintenant. J'ai des doutes concernant la réelle efficacité de ma couverture chez Anneliese de Bofrand. Il y a de plus quelque chose qui ne va pas chez moi, je le sens d'ici."

Elle posa ses yeux sur Zephyrus. La ressemblance était flagrante malgré tout. Elle s'adressa à lui.

"Désolée pour l'accueil, ravie de vous connaître." Elle regarda ensuite Ethel... "A ce soir, avec le plus de bonnes nouvelles possibles."

La résistante sortit rapidement de la salle pour aller dans le hall. Elle ouvrit la porte et la referma doucement.

Zephyrus considéra avec contentement la confiance que les membres semblaient disposés à lui accorder en vertu du crédit du professeur Mc Gonagall. Il reprit donc la parole sur un ton plus courtois :

"J'ai quelques informations qui pourraient vous intéresser... et justifier mon retard par la même occasion. Je suis venu ici par le métro, et en arrivant à la station "King's Cross", j'ai remarqué par la fenêtre un étrange trio de sorciers de noir vêtus, dont l'un d'entre eux portait la Marque des Ténèbres. J'en ai aussitôt déduit qu'il s'agissait de Mangemorts et j'ai enorcelé le métro pour le faire tomber en panne une dizaine de minutes. Cela m'a suffit pour saisir quelques bribes de leur conversation et comprendre qu'ils avaient l'intention ce soir même de se rendre dans la gare de King's Cross avec trois de leurs semblables pour une sorte de... quête, d'après ce qu'il m'a semblé. Au moment ou le métro est reparti, j'ai ouvert la fenêtre, fait éclater les tympans de l'un et disparaître les os de la jambe droite de l'autre. Quand le troisième a essayé de faire exploser la rame, il a subi les effets particulièrement néfastes du contre-maléfice dont j'ai fait usage. Le temps que le Poussos et je ne sais quelles autres potions fassent effet, les voilà en convalescence jusques à au moins demain. Néanmoins, peut-être pourrions-nous organiser quelque escapade ce soir à la gare... Qu'en pensez-vous ?"

Il avait posé cette question sur la voix la plus galante du monde, mais lorsqu'il croisa le regard déconfit des membres de l'assmblée, Zephyrus se demanda s'il n'avait pas manqué quelque chose d'importance avant d'arriver au 12, square Grimmaud...