le retour du guerrier (vive le titre...^^)

Lucius avait enfin pu partir, après avoir fait son rapport et donné au Maître le fruit de ses recherches. Epuisé, affamé, il n'aspirait plus qu'à retrouver le manoir, son foyer, et sa chère Narcissa. Il n'avait plus qu'une hâte, la prendre dans ses bras, la serrer contre son coeur. Narcissa...

Le Manoir lui apparut comme un refuge. La maison de son enfance, où il avait toujours vécu, l'endroit où il avait vécu ses plus grandes joies... Il entra dans le grand hall et resta un instant immobile, au milieu, face au grand escalier qui conduisait aux étages supérieurs. Lucius était chez lui. En sécurité. Enfin.

Il entendit des sanglots en provenance du grand salon. Il reconnut la voix de son épouse. Il se dirigea vers la pièce où elle se trouvait et resta un instant debout sans bouger, appuyé d'une main au chambranle de la porte, contemplant Narcissa. Narcissa que, sur ordre du Maître, il avait dû abandonner pendant de longs mois, seule dans cette grande maison, seule au milieu de Mangemorts que Lucius lui savait être hostiles. Narcissa qu'il aimait tant.

Il s'avança enfin et appela d'une voix douce :

"Narcissa..."

Il lui tendait les bras...

L'espace d'un instant, Lucius crut être revenu vingt ans en arrière. Comme s'il revenait d'une de ses premières mission, un des raids auxquels il participait jadis, et Narcissa, qui l'avait guété toute la nuit, sans pouvoir trouver le sommeil, qui se jetait dans ses bras en pleurant dès qu'il passait la porte.
Il referma ses bras sur sa femme, enfouit son visage dans les longs cheveux blonds de celle-ci, s'enivrant de son parfum, embrassa son front, ses joues baignées de larmes, ses lèvres enfin, en un long baiser, avide, puisant de nouvelles forces dans cette preuve d'amour, comme l'assoiffé puise l'eau qui le sauve à une source. Ce fut Narcissa qui rompit le baiser, en prenant sa main et en la portant à ses lèvres en un geste qui, autrefois, leur était familier...

Il fut peiné de son mouvement de recul quand elle découvrit ses blessures... Oui, il avait un peu honte de ne pas s'en être sorti indemne. Mais pour exécuter sa mission, il avait eu affaire à des personnes et à des êtres qui ne s'étaient pas laissé faire si facilement. C'est ce qu'il voulut expliquer à sa femme, mais celle-ci l'apaisa en passant la main sur ses plaies. Lucius se laissa entraîner par Narcissa jusqu'au divan. Il acquiesça simplement quand elle lui proposa de le soigner.

La chaleur du feu, le confort du divan - un confort qu'il n'avait pas eu l'occasion d'apprécier depuis trop longtemps - les soins attentifs de sa tendre épouse, tout cela lui faisait tant de bien... Il glissait dans une sorte de torpeur si agréable... Il avait le sentiment de rêver tout éveillé. Il tendit une main vers Narcissa.

"Narcissa... asseyez-vous, je vous en prie... Venez près de moi..."

Il la fit asseoir auprès de lui, l'attira contre lui. Être simplement là, auprès d'elle, la sentir contre lui, se sentir en sécurité... Le bonheur de Lucius était presque complet. ne manquait plus que son fils. Drago... Il ne dit rien à ce sujet. C'était et ce devait rester un sujet tabou entre eux.
Posant la joue contre les cheveux de Narcissa, il murmura :

"Vous m'avez tellement manqué... Je vous demande pardon pour toute l'angoisse que je vous ai causée... Je vous aime, Narcissa..."

[faut bien que je passe ^^]

Bellatrix était dans les étages supérieurs. Elle réfléchissait à toute vitesse, comme si sa vie en dépendait. Les quelques mots de son Maitre, qu'elle seule avait entendu l'avaient destabilisée. C'était comme si... Non, elle ne devait plus y penser.
Elle fut sortit de cette étrange torpeur lorsque la porte s'ouvrit et se referma de suite après. Des voix... Quelqu'un était entré, et parlait avec Cissy. Qui osait perturber le calme de la demeure Malefoy ? Qui, celà dit en passant, était passé, pendant quelques temps sous l'intendance de Bellatrix.
Elle descendt les marches, faisant le moins de bruit possible. La porte du salon était encore ouverte. Arrivée à l'entrée du grand salon, elle reconnu la voix de Lucius. Ainsi, Narcissa allait retrouver un peu de joie de vivre... La Mangemorte eu un sourire de dégout, cachant une certaine tristesse alors qu'elle pensait à son défunt mari. Elle fit demi tour, et repartit dans la bibliothèque pour penser qu'elle était en retard pour la bataille de King's Cross....

[ni vu ni connu]

Lucius ferma les yeux.

"Narcissa, je vous en prie, pas ce soir, pas maintenant..."

Il ne s'en sentait pas le courage. Il ne voulait pas encore en parler. Il avait d'abord besoin de reprendre des forces, de se remettre. Non il ne voulait pas entamer la polémique ce soir-là... Il prit la main de sa femme, la serra dans les siennes, et, rouvrant les yeux, chercha son regard.

"Si nous en sommes là, tout est de ma faute, Narcissa. Si... Si je n'avais pas échoué, jamais Drago n'aurait eu à..."

Il n'acheva pas sa phrase, détourna le regard. Lâchant la main de Narcissa, il se releva, alla se poster devant le feu, les mains appuyées au manteau de la cheminée, tête courbée. Il reprit d'une voix hâchée :

"J'ai déçu le Maître, Narcissa... je l'ai profondément déçu, et il a voulu me le faire payer... C'est moi que vous devriez haïr, Narcissa. C'est à cause de moi que..."

Les épaules de Lucius s'affaissèrent alors qu'il achevait sa phrase :

"...que notre fils doit mourir..."

Lucius referma les yeux. Le soulagement qu'il avait ressenti en arrivant était reparti. Il se sentait las, extrêmement las. Coupable aussi. Un peu écoeuré, peut-être. Il n'osait pas relever les yeux, regarder Narcissa, ni même au-dessus de lui. Accrochée au-dessus de la cheminée, il y avait une photo du jour de leur mariage... Lucius avait presque envie de pleurer.

Lucius enlaça sa femme et la serra plus fort contre lui. Narcissa, Narcissa ! Sans elle, sans cette promesse qu'il s'était faite de revenir auprès d'elle, de la protéger, Lucius n'aurait pas pu supporter toutes les épreuves qu'il avait endurées depuis le retour du Maître. Il se serait laissé couler, comme il en avait été plus d'une fois tenté. Mais pour elle, pour la revoir, pour la serrer une fois encore dans ses bras, il avait lutté. Même quand Morfinn l'avait cloué au mur, avec l'intention manifeste de le réduire en charpie, il avait eu une tentative désespérée pour s'en sortir. Pour elle.

Lucius savait ce qu'elle pensait. Il savait que, pour elle, seul le Maître était responsable de la fuite de leur fils. Lucius savait aussi que de telles pensées étaient dangereuses. Il ne fallait pas que Narcissa se rebellât. Le Maître l'abattrait sans sommation. Et cela, Lucius ne le supporterait pas.

Si Narcissa commençait, dans le fond de son coeur, à se dresser contre le Maître, à remettre en cause ses actes et ses doctrines, Lucius, lui, n'était pas encore prêt. Lucius était lâche, cela se savait, se disait autour de lui. Il était complètement endoctriné par le Maître et parfaitement conscient de n'avoir plus le droit à l'erreur. Cet aveuglement l'avait amené à se résigner à la mort de son fils, son unique héritier, si douloureuse que cette idée puisse être.
Non, Lucius n'était pas encore prêt à se révolter. Il avait trop peur pour cela, il était trop fatigué, trop faible aussi. Mais pourtant, parfois, il se disait qu'il était injuste que son fils paie pour ses erreurs...

Quand le baiser se rompit, il appuya son front à celui de Narcissa, tenant le visage de sa femme entre ses mains.

"La seule chose que nous pouvons faire, Narcissa, c'est prier pour qu'ils ne le trouvent jamais ou pour que quelqu'un le protège."

"TAISEZ-VOUS !!!"

Lucius, blême, s'était dégagé d'un coup. Il tremblait, paniqué par les propos de sa femme, terrifié par les conséquences qu'ils pourraient avoir si quelqu'un d'autre que lui les entendait. Effaré, hagard, il contemplait son épouse comme s'il la voyait pour la première fois. Etait-ce SA Narcissa, Sa femme, cette inconnue qui se tenait devant lui et lui affirmait de manière si péremptoire être prête à la trahison ? Etait-ce bien elle, elle qui n'avait jamais élevé la voix, elle qui n'avait même jamais exprimé son opinion, et qui, tout d'un coup, paraissait si résolue ?

Lucius se reprit, se rapprocha de Narcissa et la saisit aux épaules.

"Ecoutez-moi, Narcissa. Vous ne devez jamais plus dire une chose pareille, vous m'entendez ? Jamais plus. Même à moi. Même ici. Vous comprenez ? C'est trop dangereux, Narcissa."

Ses yeux gris, affolés, cherchaient à croiser le regard de sa femme pour mieux lui faire comprendre ses propos.

"Tu ne dois pas dire cela, Narcissa. Pour l'amour du ciel, TU NE DOIS PAS DIRE CELA ! S'il l'apprend, nous sommes morts, toi et moi... Et... nous condamnons notre fils à un sort plus terrible encore !"

Les nerfs trop tendus de Lucius commençaient à craquer. Ses mains, sur les épaules de Narcissa, étaient si crispées que ses jointures en étaient blanches. Blême, son visage semblait plus creusé, plus hâve que jamais, une sueur froide coulait dans son dos et sur ses tempes, sa lèvre inférieure tremblait, son regard était brillant, fiévreux. Il s'en fallait vraiment de peu qu'il ne se mette à pleurer comme un enfant paniqué...